
Assurance et dégât des eaux : évolutions de la jurisprudence
Les dégâts des eaux représentent l’un des sinistres les plus fréquents en France. Ils touchent aussi bien les habitations individuelles que les immeubles en copropriété. Bien que les contrats d’assurance habitation couvrent en général ce type d’incident, la question de la responsabilité reste souvent complexe. Au fil du temps, la jurisprudence a permis de préciser les obligations et droits des parties concernées : locataire, propriétaire, copropriété ou encore assureur.
Dégât des eaux : ce que dit la loi
Un dégât des eaux est défini comme un sinistre causé par l’action de l’eau. Il peut être lié à une fuite, une infiltration, une canalisation rompue, un débordement ou une négligence.
En matière d’assurance, la garantie dégât des eaux figure dans la plupart des multirisques habitation (MRH). Toutefois, le contrat couvre différemment selon l’origine du dommage et le responsable identifié.
La loi impose également une obligation de déclaration rapide : en général dans les 5 jours ouvrés suivant la découverte du sinistre.
L’assureur mandate alors un expert pour évaluer les dégâts et déterminer l’étendue de la prise en charge.
L’évolution de la responsabilité : locataire, propriétaire, copropriété
Traditionnellement, la responsabilité en cas de dégât des eaux était assez facilement imputée au détenteur du bien à l’origine de la fuite.
Cependant, la jurisprudence récente a clarifié certains cas particuliers.
Responsabilité du locataire
Le locataire est responsable de l’entretien courant du logement. Si le dégât des eaux provient d’un appareil ménager (lave-linge, lave-vaisselle) ou d’un défaut d’entretien, il peut être tenu responsable.
Responsabilité du propriétaire
Le propriétaire doit garantir un logement en bon état. Lorsque la fuite provient d’un défaut de construction, d’une canalisation vétuste ou d’un élément structurel, sa responsabilité est engagée.
Responsabilité de la copropriété
Dans les immeubles, les parties communes (colonnes d’eau, toiture, étanchéité) relèvent du syndic.
Si le sinistre prend naissance dans une partie commune, la copropriété peut être tenue seule responsable.
La jurisprudence a renforcé ces distinctions afin d’apporter plus de précision dans l’attribution des responsabilités.
Jurisprudence récente : mieux protéger les victimes
La jurisprudence a évolué afin de mieux encadrer les litiges, notamment lorsque plusieurs parties sont potentiellement responsables.
Une tendance notable est la simplification du processus d’indemnisation, par exemple avec la convention IRSI (Indemnisation et Recours des Sinistres Immeuble) entrée en vigueur en 2018. Celle-ci prévoit que l’assurance du logement sinistré intervienne en premier, évitant de longues démarches pour l’assuré.
Par ailleurs, les tribunaux tendent à reconnaître la responsabilité du propriétaire lorsque la cause du sinistre provient d’un défaut structurel ou d’entretien majeur.
Les décisions visent à éviter que l’occupant ne supporte des réparations dont il n’est pas à l’origine.
Focus : fuite de canalisation et assurance
La fuite de canalisation est l’un des scénarios les plus fréquents de dégât des eaux.
Elle peut se produire :
- Dans une canalisation encastrée
- Dans une canalisation privative
- Dans une canalisation commune
- En raison d’usure ou de malfaçon
La jurisprudence a clarifié plusieurs points :
Canalisation privative
Si la fuite provient d’une canalisation appartenant au logement (même encastrée), la responsabilité incombe généralement au propriétaire.
Le locataire n’est tenu que de l’entretien courant, pas du remplacement.
Canalisation commune
Si la fuite provient d’une colonne d’évacuation ou d’un tuyau commun, c’est la copropriété (et son assurance) qui est responsable.
Recherche de fuite
Dans de nombreux cas, l’assurance prend en charge la recherche de fuite.
Lorsqu’un doute persiste sur l’origine, la jurisprudence favorise la prise en charge afin de limiter les dommages.
De nouvelles décisions confirment également que le coût de réparation du conduit peut être couvert lorsque la fuite a entraîné des dommages importants.
Les limites de l’assurance dégât des eaux
Malgré ces évolutions, certaines exclusions subsistent :
- Mauvais entretien manifeste
- Installation non conforme
- Défaut de surveillance
- Fuites de longue durée sans intervention
Dans ces cas, l’assurance peut réduire ou refuser l’indemnisation, sauf exception jurisprudentielle.
Conclusion
La jurisprudence en matière de dégâts des eaux a considérablement évolué afin de clarifier la répartition des responsabilités et faciliter l’indemnisation.
Qu’il s’agisse d’un propriétaire, d’un locataire ou d’une copropriété, chacun doit connaître ses obligations.
Les fuites de canalisation, particulièrement fréquentes, font aujourd’hui l’objet d’un traitement plus encadré pour protéger les victimes et accélérer les réparations.
En cas de sinistre, il est essentiel de :
- Déclarer rapidement
- Identifier la source
- Faire intervenir un professionnel
- Conserver toutes les preuves
Une bonne compréhension des règles et de la jurisprudence vous permettra de défendre vos droits et d’obtenir une indemnisation juste et rapide.

